Nous Français et la Chine, alors ?


Certains nous disent que nous avons les meilleurs produits du monde, que nous sommes le pays qui possède l’un des taux de productivité les plus rentables, que nous sommes le pays du luxe et de la gastronomie, que nous sommes… Que nous sommes « beaux » et que nous avons du panache… J’aime entendre ces mots, ces mots qui sont devenus en quelques décennies des maux car ne voulant pas lâcher notre fromage, nous sommes souvent restés aveugle et le renard a véritablement su prendre sa place. Si notre balance commerciale extérieure française est dans le rouge de façon constante, alors que nos produits sont apparemment « bons », que se passe t-il ? Et si nous regardions, un temps soit peu et avec humilité, notre façon de nous comporter avec le monde qui nous entoure.

Pour ce début d’année, je vous invite donc à une réflexion sur notre façon de voir les autres. Comment se construit notre appréciation de l’autre, qu’est ce qui fait que l’on va aimer telle ou telle culture, ou plutôt la repousser. On constate souvent qu’il suffit de pas grand chose, de quelques bribes d’informations, pour commencer à juger… Ce qui va souvent conditionner, un comportement inapproprié avec nos partenaires étrangers.

Je n’ai pas trouvé de meilleur exemple que la Chine où notre relation du « Je t’aime moi non plus » me donne une occasion, à point nommé, de parler de contrastes et de comportements. Mais tout d’abord, faisons le point sur cette faculté de jugement que nous avons tous …

Les 2 théories de la relation sino française

Depuis la première visite du Général de Gaulle, en Chine en 1964, nos relations avec ce grand pays ont connu des périodes le plus souvent positives. Ce qui peut sembler paradoxal, c’est qu’avec toutes ces années favorables, nos relations économiques ne se soient finalement jamais réellement développées, alors que la Chine a des besoins immenses depuis les années 80.

Sur 100 euros facturés par la France à l’export, seulement 2,5 le sont vers` la Chine. Qu’est-ce qui fait que d’autres pays européens travaillent de façon significative avec la Chine et pas nous? Qu’est-ce qui fait aussi que nous soyons en première ligne vis-à-vis des réactions de la Chine dans nos différentes actions politiques. Nous avons parfois même tendance à l’hérisser au plus haut point, alors que, d’autres pays européens font exactement la même chose sans réaction de la part des Chinois ?

Pour la pensée francaise, la compléxite´ de cette relation est expliquée à travers deux théories qui s’opposent. Mais face à une culture qui s’accommode bien du flou et du silence comme celle des Chinois, la réalite´ n’est jamais aussi simple.

 

Première théorie : une sympathie par tradition

Parce que la France a été la première à reconnaitre la Chine comme grande puissance, la relation franco chinoise est forte et positive. Les écoliers chinois apprennent la littérature française dès leur plus jeune âge et nous ne sommes finalement pas aussi e´loignés culturellement d’eux que cela.

Notre besoin de relation forte pour faire des affaires, nos écrits, notre goût prononcé pour la cuisine sont autant d’éléments qui nous rapprochent. Les Chinois aiment la France et les Français. Ils sont donc susceptibles à toutes nos actions qui vont a` l’encontre de la pensée chinoise. La Chine attend de la France qu’elle soit prévisible et que cette dernière, par ses relations internationales, lui donne toute sa place dans la gouvernance mondiale.

Deuxième théorie : la proie facile

La France est un pays qui se laisse assez facilement manipuler et peut donc être un bon levier pour l’Europe. En tant que pièce maitresse au sein de la CEE, la France est une excellente porte d’entrée pour la Chine. Contrairement à l’Allemagne qui ne se laisse pas influencer et encore moins l’Angleterre, adossée aux Etats Unis, la France est une bonne carte à jouer. En lui faisant miroiter cette affinité historique particulière, elle est comme une marionnette facile à actionner et à manipuler. Plusieurs épisodes, ces dernières années, ont d’ailleurs prouvé que la France se plie toujours aux exigences chinoises après quelques corrections de principe (la présence de la France aux JO de Pékin, l’annulation de la rencontre avec le Daila Lama en août 2008, etc…)

Ces deux théories sont, à mon humble avis, en partie vraies. Mais c’est surtout l’absence de PME, de taille adaptée (de 200 a` 500 personnes) pour aller à la rencontre de ce marché gigantesque qui nous fait cruellement défaut encore aujourd’hui.

Et pour les quelques-unes qui osent y aller, je constate malheureusement chaque mois, un manque évident de compréhension des codes culturels.

 

Remettons les choses en perspective pour une meilleure visibilité sur cette culture :

« Tout d’abord l’autorité communiste et les droits de l’homme »

Sans aucun parti pris, voici deux questions qui doivent nous interpeller avant tout jugement :

Pouvons-nous nous permettre de critiquer les actions de politique interne de la Chine avec ses 1,3 milliards d’habitants et son économie mondiale placée à la 50ème place, alors que nous n’arrivons pas à gérer, en France, nos SDF qui vivent sous des tentes une bonne partie de l’année et dont certains meurent de froid ? L’un n’empêche pas l’autre, certes… Mais ceci mérite re´flexion…

Faut-il toujours voir le Dalai Lama comme un Saint homme ?

Vu de Chine, il est conside´ré comme un dissident car il est le représentant d’une partie de la Chine, grand comme trois fois la France, qui veut son indépendance. Le Tibet n’a pas de barrière naturelle avec la Chine et la Chine s’arrête naturellement à la chaine Himalayenne. L’histoire nous montre aussi que la dynastie mongole a regroupé la Chine et le Tibet à partir du XIIIème siècle et ce pendant sept cents ans. Tout n’est peut-être donc pas aussi simple comme on veut nous le présenter dans les médias.

Mais l’exercice ici n’est pas de connaître la vérité absolue sur la Chine mais plutôt d’analyser´, sur quelle fondation tient notre jugement : quelques flash télévisés, toujours les mêmes sur des Chinois durs, sans coeur, et quelques articles de journaux. En tout et pour tout, pas grand chose. Vous conviendrez que pour un pays qui fait la taille de l’Europe, le raisonnement soit forcément tronqué.

Finalement, notre jugement de la société chinoise ne se fait pas sur la connaissance du sujet lui même mais plutôt sur des niveaux de violences que nous voyons dans les médias. Bien évidemment, en ce qui nous concerne, il ne s’agit pas d’être plus Chinois que Chinois si on souhaite les comprendre, mais ne pourrions nous pas arrêter, un instant, cette vision étroite d’une Chine qui existe depuis cinq mille ans et qui connait une mutation sans précédent depuis trente ans. Tous les Français qui ont vécu en Chine vous le diront, tout n’est pas rose évidemment et les derniers conflits dans la province du Xinjiang le prouvent, mais il y a des centaines de millions de Chinois aussi sympathiques que beaucoup de Français.

L’intelligence est une faculté que nous avons tous et qui ne demande qu’à se développer, à condition de ne pas lui faire obstacle, le jugement hâtif est systématique en est un !

 

Clef 1

Moins il y aura de jugement sur les autres, plus il y aura d’intégration. Quand un phénomène nous semble « décalé » par rapport à la vie de tous les jours, il est bon de le garder en mémoire sans le charger d’à priori et de critiques. Si celui-ci réapparaît, il s’agit alors d’un phénomène diachronique « d’une façon de faire récurrente » dans la culture du pays et il doit alors être accepté tel quel. L’observation des phénomènes diachroniques facilite la compréhension de la culture. La tolérance à la frustration, l’acceptation de la différence sont des comportements à adopter dès qu’on fréquente une autre culture que la sienne.

 

Clef 2

Il faut aussi se convaincre que son interlocuteur, qui n’agit pas conformément à nos attentes, à lui aussi un grand nombre de vérités qui lui sont propres. Sa culture existe depuis des siècles, voir des millénaires sans l’aide de la nôtre et encore moins de notre présence.

 

Clef 3

Si vous êtes expatrié. Ne faite pas l’inventaire, le soir, des choses qui vont ont marquées dans la journée, car il y a une forte probabilité que votre conjoint (conjointe) en face de même. Le dérapage vers la moquerie est alors facile et ce type de comportement va induire dans votre inconscient, une non acceptation de la différence. Tous les couples, que j’ai rencontrés dans les différents pays et qui me parlaient des Autres, avec distance, avaient de grosses difficultés à s’intégrer et à se sentir bien.

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